L’art de soigner l’invisible
- Espace Arthéa
- 10 mai
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 mai
L’art-thérapie : un soin de l’âme trop souvent ignoré
À une époque où le mal-être psychique explose, où les troubles anxieux, dépressifs et psychosomatiques touchent toutes les générations, il devient urgent de revaloriser les approches qui soignent autrement. L’art-thérapie en fait partie. Pourtant, cette discipline reste encore marginale, méconnue ou cantonnée à quelques milieux spécialisés. Et si c’était une erreur ? Et si l’art-thérapie était, justement, une réponse essentielle aux maux silencieux de notre époque ?

Qu’est-ce que l’art-thérapie, concrètement ?
Loin des clichés, l’art-thérapie n’est pas une activité artistique ludique ou décorative. C’est une méthode d’accompagnement thérapeutique qui utilise la création artistique comme levier d’expression, de libération émotionnelle, de transformation intérieure.
Dans un cadre sécurisé, bienveillant et sans jugement, les participants sont invités à dessiner, modeler, peindre, écrire, chanter, bouger etc. Peu importe le médium, ce qui compte, c’est le processus. Le but n’est pas de créer une œuvre d’art, mais de donner forme à ce qui ne peut pas toujours être dit par les mots : des émotions enfouies, des blessures anciennes, des conflits intérieurs, des désirs inavoués.
Le praticien en art-thérapie accompagne ce processus, non pas en tant que professeur d’art, mais en tant que facilitateur de cheminement psychique. Il observe, écoute, soutient la symbolisation, et permet à la personne de redevenir actrice de sa propre transformation.
Pourquoi est-ce essentiel aujourd’hui ?
Parce que nous vivons dans un monde en surchauffe mentale, où l’on attend des individus qu’ils soient productifs, rationnels, résilients, mais rarement à l’écoute d’eux-mêmes. Or, les souffrances psychiques ne se règlent pas à coups de raisonnements logiques. Elles ont besoin d’être accueillies dans leur dimension émotionnelle, corporelle, symbolique.
L’art-thérapie est un accès direct à l’inconscient, au corps sensible, à la mémoire affective. Elle permet de revisiter des événements douloureux sans avoir à les verbaliser frontalement. Pour des personnes ayant vécu des traumatismes, des enfants, des personnes âgées, ou même des adultes enfermés dans le silence ou la rationalisation, c’est une voie d’accès inestimable à leur monde intérieur.
C’est aussi une manière de se reconnecter à sa créativité, à son intuition, à son élan vital. Et dans ce sens, elle ne s’adresse pas uniquement à des “patients”, mais à tout être humain en quête de mieux-être, d’équilibre ou de sens.
Une reconnaissance encore trop timide
Malgré ses bienfaits reconnus, notamment en milieu hospitalier, en pédopsychiatrie, en EHPAD, dans les prisons ou en centre de soins palliatifs, l’art-thérapie reste peu valorisée dans les politiques de santé mentale. Les praticiens se battent encore trop souvent pour faire reconnaître leur place, leur utilité, et pour être correctement rémunérés.
Il est temps de changer cela. Il est temps que les institutions reconnaissent pleinement la valeur thérapeutique de la création. Que les écoles, les structures médico-sociales, les entreprises, les collectivités intègrent ces pratiques dans leurs dispositifs de prévention, d’accompagnement et de bien-être.
Parce qu’un dessin peut libérer une angoisse. Parce qu’un modelage peut panser une mémoire corporelle blessée. Parce qu’un collage peut rassembler ce qui est morcelé. Et parce que le soin de soi passe parfois par le geste créatif, là où les mots ne suffisent plus.
L’art-thérapie n’est pas un luxe. C’est une nécessité. Pour les individus, pour les familles, pour la société tout entière.
Espace Arthéa, 11 mai 2025.
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